09 oct. 2023

UNE REFORME ANNONCEE COMME HISTORIQUE MAIS QUI SE REVELE RETROGRADE ET SACRIFICIELLE

 

 Les organisations professionnelles ont une mission d’intérêt général celle de défendre les intérêts de l’ensemble des corps tous grades confondus auxquels ils appartiennent. Les représentants du personnel sont élus par les agents qui les mandatent afin de défendre leurs intérêts dans le dialogue conduit avec l’administration.

 

Que l’Administration soit encline à faire des sacrifices dans ses projets de réforme est une chose, qui ne devrait pas arriver, mais qu’une organisation professionnelle valide et se félicite de telles mesures en exigeant que tous se réjouissent en est une autre qui ne devrait jamais se produire.

 Les nouvelles règles de la représentativité ont conduit à la possibilité technique d’une réduction du dialogue social et à une concentration du pouvoir de réforme dans les mains d’une seule organisation syndicale, qui peut décider de faire cavalier seule, se privant ainsi du cerveau collectif constitué par la présence de plusieurs organisations syndicales  autour de la table des négociations.

 Ce dispositif et la volonté d’être le seul porteur du projet nous ont conduits à cette réforme désastreuse sur le point d’aboutir. 

Après les annonces des mesures concernant le CEA et la grande confiance affichée par les futurs signataires annonçant une réforme historique, la désillusion est grande. Les espoirs de reconnaissance tant au niveau statutaire, qu’indiciaire avec l’accession à la catégorie A se révèlent en réalité tristement historiques pour le corps de commandement.

 En quoi est-ce historique et progressiste  d’entériner définitivement l’alignement entre les officiers historiques et les officiers issus du plan de requalification en faisant passer de 12 ans à 4 ans la durée permettant d’accéder au grade supérieur ?

Les officiers historiques qui ont pour la 1ere fois fièrement porté leur grade de lieutenant il y a 10 ,15 ou 20 ans au prix de mobilité et concours, puis sont devenus difficilement capitaines sont aujourd’hui amers, blessés et se sentent reniés.

  En quoi est-ce historique et progressiste  de valider une grille pour les lieutenants-capitaines actuels avec des allongements de durée d’échelon qui viennent réduire les gains cumulés ? La perte d’1 point d’ISS représente environ 12 points d’indice, venant grever sérieusement les gains de la revalorisation d’IFO ?

  En quoi est-ce historique et progressiste  de valider la disparition du grade de lieutenant, la rétrogradation des commandants en capitaines et des CSP en capitaines supérieurs/commandants transitoires ? 

 En quoi est-ce historique et progressiste  de signer une réforme « offrant » aux commandants actuels l’option d’une grille de catégorie A en renonçant aux échelons de leur grille actuelle ou d’être les seuls officiers à demeurer en catégorie B, les intégrant de fait au CEA ?

 En quoi est-ce historique et progressiste  de valider le placement en extinction d’un grade sans juger cela problématique en termes de symbole et de respect des agents?

 Ce grade, reconnu chez les personnels en uniforme, obtenu par examen au terme de prises de poste et d’une carrière riche et variée, est placée sur la » liste des espèces extinction programmée » et les agents concernés sont priés de l’accueillir avec sourire.

 En quoi est-ce historique et progressiste de reclasser les CSP au 12eme échelon provisoire sans ancienneté acquise, alors qu’ils étaient déjà bloqués au 9ème de commandant avant 2020 ?

Cela leur ôte toute perspective d’atteindre le sommet de grille. 

  En quoi est-ce historique et progressiste de  reclasser ces mêmes CSP capitaines  pendant 3 ans indice brut 900 alors qu’ils sont à l’indice brut 930 et leur laisser perdre 30 points s’ils partent  en retraite dans les 3 ans alors qu’ils ont déjà perdu 11 points lors de la réforme de l’UFAP  soit 41 points en tout ?

  

 

Pensez-vous que les OS des forces de police accepteraient de rétrograder leurs commandants actuels  que ce soit de manière temporaire ou définitive ?

Bien sûr que non !

 Pensez-vous que le corps des DSP accepterait de placer une partie des leurs en « sous-directeurs » pendant 3 ans ?

Il est clair que non, et c’est juste normal !

 Alors, non, non et non, l’ensemble du corps des officiers ne se réjouit pas de la réforme proposée.

Les mots comme les grades ont un sens. Derrière les dossiers il y a des femmes et des hommes qui  méritent respect et considération.

 

NOS PROPOSITIONS :

 ► L’accession à la catégorie A doit se faire pour tous les officiers, avec un gain équitable pour tous, sans négation des carrières et en maintenant des perspectives.

► L’accessibilité au grade supérieur après 8 ans pour les capitaines au lieu des 4 ans prévus.

Le maintien d’une perspective de carrière pour tous les commandants actuels.

► La mise en place d’un système de réduction des durées d’échelon.

 Le passage au grade de commandant dès 2024 de tous les CSP au 12ème échelon.

 Ce qui est censé être encore à l’état de projet, avec des programmations d’audiences avec d’autres organisations syndicales, semble être déjà une réalité bien ancrée puisque les collègues pouvant présenter l’examen professionnel de commandant 2024 ont reçu ce jour un mail leur indiquant :

 « Je vous informe qu’en raison des récentes évolutions liées aux réformes du corps de commandement, et donc de la mise en extinction du grade de commandant pénitentiaire (catégorie B) à compter du 1er janvier 2024, l’examen professionnel pour l’accès au grade de commandant pénitentiaire session 2024 est annulé. En effet, à compter du 1er janvier 2024, les commandants pénitentiaires seront reclassés dans grade de capitaine de classe normale. »

  

Voilà une version particulière du dialogue social ?

 Est-ce trop demander que de vouloir une information pédagogique, bienveillante et respectueuse des individus ? Derrière les grades, il y a des femmes et des hommes ! Nous alertons sur l’impact psychologique des décisions qui sont en train d’être prises.

 Nous ne nous sommes jamais livrés et ne nous livrerons jamais aux guerres d’officine qui emplissent déjà les boites mails, éloignent chaque année un peu plus les collègues du droit syndical et ne servent certainement pas l’intérêt des personnels objets de la réforme.

Le passage en catégorie A n’est pas qu’une lettre, c’est aussi un état d’esprit, un savoir être, une attitude globale…

                                                                             

 

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