31 mars 2015

DECLARATION LIMINAIRE TABLE RONDE ASSEMBLEE NATIONALE 17 MARS 15

TABLE RONDE ASSEMBLEE NATIONALE DU MARDI 17 MARS 2015
DECLARATION LIMINAIRE DE LA DELEGATION CFDT-INTERCO
« Enquête parlementaire sur la surveillance des filières et individus djihadistes»

« Monsieur le Président.
Tout d'abord nous tenons à vous remercier de nous avoir invités à cette
audition par la commission d'enquête parlementaire que vous présidez.
Les tragiques évènements du mois de janvier ont montré de manière brutale
que notre société est aujourd’hui confrontée à un phénomène de radicalisation de
plus en plus fréquent et violent, qui pose un réel problème, tant d’un point de vue
sécuritaire, que par la remise en cause de notre modèle social qu’il implique.
Une remarque préalable nous paraît essentielle : le problème de la
radicalisation, si nous voulons efficacement lutter contre lui, doit être appréhendé
dans sa globalité et non uniquement dans le cercle fermé de la prison. Nombre de
personnes se sont radicalisées en dehors de toute incarcération. Par ailleurs, on ne
peut pas demander à la prison de réussir là où l’ensemble de la société a échoué.
Cette mise au point étant faite, il convient néanmoins de réagir dès à présent
à l’urgence de la situation.
La CFDT représente l'ensemble des personnels pénitentiaires, du directeur
au surveillant, en passant par les personnels d'encadrement et de commandement.
Nous pensons que seuls une minorité de ces détenus ciblés se sont
réellement orientés vers un fanatisme religieux dangereux et parfois, il faudra bien
l'admettre, irréversible. La plupart d’entre eux sont avant tout des personnes en perte
de repères, souvent jeunes, petits délinquants ou déjà criminels avertis, mais étant
parfois tout simplement en quête d’aventure, d’exaltation.
Aussi l’importance du fait religieux doit être relativisé et il convient d’avoir une
gestion très fine de cette mesure dite d’isolement: quels critères de sélection, pour
quelle durée et surtout pour quoi faire? Cette procédure dite d’isolement du reste
de la population pénale, si elle aurait le mérite de limiter « l’intoxication » des autres
détenus, ne saurait être une réponse totalement satisfaisante au défi qui est devant
nous.
La CFDT rappelle qu’il faut avoir une vision globale de ce problème, comme
nous l’avons dit en préambule.
En détention tout comme à l’extérieur, nous pensons qu’il faut redévelopper
toutes les activités permettant aux personnes de se sociabiliser et d’être encadré :
formation, école, travail, sports, activités socioculturelles et formation religieuse. La
religion musulmane comme toutes les religions est sujette à interprétation et souffre
de ne pas avoir de représentants clairement identifiés; cela facilite les prêches
d’imams autoproclamés, aux discours souvent exaltés et violents. A ce titre, la
multiplication du nombre d’aumôniers musulmans nous parait une très bonne chose,
mais encore insuffisante, d'autant que les musulmans radicaux refusent de
reconnaitre leur autorité religieuse et autoproclament leurs propres prêches.
Concernant les personnels, il nous paraît essentiel d’avoir une formation à la
hauteur des enjeux.
Il est certes intéressant de développer le renseignement pénitentiaire en
multipliant les postes de Délégués Interrégionaux au Renseignement Pénitentiaire et
de Délégués Locaux au Renseignement Pénitentiaire, mais n’est-ce pas insuffisant
au regard des enjeux ?
Nous pensons que le renseignement, à tout le moins à son premier
niveau, est l’affaire de tous les agents, voir même de tous. Le travail
d’observation doit être remis en avant et valorisé, car il permet non seulement de
déceler les signes de prosélytisme, mais également de révéler tout ce qui a trait à la
vie carcérale (détresse, colère, isolement, agressivité ou au contraire dynamique
favorable etc.). Pour ce faire, il faut que les agents aient le temps et l’envie de le
faire. Nous espérons que le nouveau logiciel Génésis facilitera les rentrées
d’informations.
De la même manière, il faut permettre aux corps d’encadrement et de
commandement d’encadrer ce travail, par une présence accrue en détention,
aux contacts des agents et de la PPSMJ. Or nous assistons depuis des années à
une mutation des missions des officiers devenues de plus en plus administratives! Il
est essentiel d'aider les surveillants dans leurs tâches quotidiennes vis à vis des
détenus, car il ne faut pas oublier que ce sont eux qui sont en première ligne, au
contact quotidien, jour et nuit, des personnes détenues, quelque soit les raisons de
leur incarcération et bien évidemment des détenus classifiés "PRI" "Pratiques
radicalisées de l'Islam"!
Pour ce faire, une augmentation des moyens humains et financiers sont sans
nul doute nécessaire, mais nous pensons que les enjeux en valent la peine, car il
s’agit ni plus ni moins de la liberté et la sécurité de nos concitoyens. »
La délégation CFDT Interco.
José PORCEDDU, Jean-Philippe GUILLOTEAU, Eric FIEVEZ, Sébastien
VANROYEN, Elyamine SAÏD.

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