Monsieur le Directeur,
Faisant suite à une réponse donnée par vos services relative à la demande de révision de l’organigramme des brigadiers-chefs/majors, je souhaite attirer votre attention sur l’incompréhension qu’elle suscite au regard des réalités opérationnelles auxquelles sont confrontés quotidiennement les établissements à petit effectif.
En effet, cette réponse faite indique que le nombre total d’encadrants demeure identique avant et après la réforme de la chaîne de commandement et qu’aucun renforcement n’est envisagé pour les petites structures.
Cette lecture strictement quantitative assimile pourtant l’ensemble des officiers et des gradés dans une même enveloppe globale, sans différencier la nature de leurs missions, leurs responsabilités opérationnelles ni leur rôle direct dans la gestion quotidienne du terrain. Or, la transformation d’un poste de brigadier-chef/major en poste d’officier a eu pour effet concret et immédiat de réduire la capacité de commandement opérationnel de proximité, pourtant essentielle à la sécurité dynamique et au soutien des agents.
Dans de nombreux établissements à effectifs réduits, peu de gradés assument l’intégralité du commandement de premier niveau. Dans ces conditions, il devient matériellement impossible d’assurer la continuité du service tout en couvrant les congés, les formations, les absences imprévues et les impératifs croissants liés à la surpopulation pénale et aux exigences sécuritaires. Le volume d’astreintes, qui atteint un nombre de semaines conséquent et qui dépasse le cadre réglementaire qui en fixe 14, témoigne d’un déséquilibre manifeste.
Cette surcharge opérationnelle engendre fatigue, risques d’erreurs d’appréciation, baisse de vigilance et perte d’attractivité, plusieurs gradés exprimant déjà leur intention de quitter ces structures.
Cette difficulté dépasse largement le cadre d’un seul établissement : elle concerne aujourd’hui un nombre important de maisons d’arrêt à petit effectif, où les missions se sont fortement complexifiées sans que les organigrammes n’aient été adaptés. Les retours de terrain montrent que cette situation est désormais structurelle et nationale, et qu’elle fragilise durablement la chaîne de commandement.
Notre démarche n’a pas pour objet de remettre en cause les objectifs de la réforme de la chaîne de commandement, mais bien d’en garantir la cohérence. Le renforcement affiché du commandement de proximité ne peut produire ses effets si les établissements les plus contraints ne disposent pas d’un encadrement de premier niveau suffisant pour assurer la sécurité, organiser le travail et accompagner les agents dans des conditions acceptables.
Au regard des enjeux de sécurité, de continuité du commandement et de qualité de vie au travail, nous sollicitons respectueusement un réexamen des effectifs d’encadrement affectés aux petites structures, afin que l’organigramme reflète réellement la charge opérationnelle et les responsabilités exercées au quotidien
La réforme de la chaîne de commandement a incontestablement introduit une confusion croissante dans la répartition des rôles et des grades, rendant la lecture du commandement de proximité de moins en moins lisible.
Je vous remercie par avance de l’attention portée à ce courrier et reste à votre disposition pour tout échange permettant d’approfondir ce sujet essentiel au bon fonctionnement du service public pénitentiaire.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de ma considération distinguée.
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