Chers collègues officiers, mardi dernier, le plan de requalification de la filière de commandement était présenté par la DAP, avec l’approbation silencieuse de l’UFAP, qui avait déjà communiqué le matin même… Ce plan UFDAPien, négocié en vase clos entre ce syndicat, pourtant non-majoritaire chez les officiers et le ministère, est présenté comme une vraie avancée pour le personnel de surveillance et particulièrement pour les officiers…
Il est vrai que dire à de jeunes lieutenants, qu’ils vont pouvoir accéder au grade supérieur très facilement en crevant le plafond de verre de l’avancement et à d’autres lieutenants ou capitaines, qu’ils vont passer directement en A sans passer par la case mutation est diablement séduisant ! Précisons que ces différents postes pourront être accessibles par examen professionnel ou par la voie de l’avancement (liste d’aptitude) !
Une fois cette 1ere vision séductrice passée, regardons de plus près à qui profite réellement ce projet de réforme :
Pour les autres 1ers surveillants ou majors ne rentrant pas dans le fléchage des postes, la mobilité sera de rigueur.
Les lieutenants et capitaines rentrant dans les bonnes cases de cette réforme pourront être propulsés en catégorie A ; ce qui sera complètement légitime pour ceux ayant eu un parcours étoffé et occupant des fonctions de commandement importantes.
Ces perspectives sont partiellement alléchantes pour le corps d’encadrement et d’application, de même que pour le corps de DSP, mais une réforme n’est bonne que si elle constitue une avancée pour l’ensemble des personnels ; ce qui est loin d’être le cas !
ü Les jeunes officiers, recrutés à BAC+3, ayant passé un concours difficile et réalisé une mobilité en exerçant des fonctions de commandement depuis plusieurs années, se verront rejoints massivement par leurs collègues gradés promus sur place en masse et dont ils étaient les supérieurs hier …. mais en conservant une fiche de paye plus légère !
ü L’UFDAP aura ainsi réglé son fiasco de la gestion du nouveau grade de major … en transférant la problématique au niveau du corps de commandement.
L’augmentation très importante du volume du corps de commandement de catégorie B va avoir des conséquences lourdes sur les missions et l’organisation des services. Le corps de commandement est mort, bienvenue aux officiers de coursive. Sacrée évolution !
ü Concernant les logements de fonctions : le point n’est pas réglé à ce jour …. L’avenir risque clairement d’être le suivant : les Chefs de service pénitentiaires seront les seuls à rester en article 10 et à monter des astreintes, dont les modalités sont encore en discussion. Ils pourront d’ailleurs très certainement dire au revoir à la récupération, car les directeurs ne récupèrent pas et maintenir une récupération pour les chefs de service pénitentiaires constituerait une rupture d’égalité de traitement. En effet, au regard de la circulaire France domaine sur les logements de fonctions, seuls les personnels qui ont une disponibilité totale et assurent des astreintes sont logés.
ü Quant aux commandants occupants aujourd’hui des postes commandisables, sur lesquels ils ont postulé pour gagner leur avancement, passant un examen professionnel et prenant leur valises, mais ne rentrant pas dans la nouvelle typologie des Chefs de service pénitentiaires, ils n’auront plus d’autres choix que de réaliser à nouveau une mobilité, comme adjoint au chef de détention d’un établissement de plus de 500 places dixit la DAP pour passer en A , poste qu’ils ont pour beaucoup déjà occupé en début de Carrière, avant de suivre le fléchage imposé par cette même UFDAP, pour obtenir leur différents avancements : voilà qui est moins alléchant !
C’est cette stratégie qui justifie le choix de passer les adjoints chef de détention en catégorie A : cela permet tout simplement de monter un seul niveau d’astreinte composé des DSP, Attachés et chefs de service pénitentiaire, les établissements étant gérés pendant ce temps, par des lieutenants-capitaines, officiers de quart non-logés. Quelle progression !
A noter que les adjoints chef de détention, exercent des fonctions non- profilées et que leurs postes n’ont pas été publiés en CAP ; ce qui d’ailleurs constitue une perte de chance pour tous les autres, qui n’auront pas pu prétendre à ce titre et bénéficier de la possibilité du changement de corps…
L’UFDAP a bien réussi son coup. Il fait plaisir à 1400 premiers surveillants et majors, en pariant qu’ils seront acquis à sa cause, venant phagocyter le corps actuel en prenant une option pour devenir majoritaire partout.
Les 600 ou 700 officiers actuels, qui vont se rendre compte qu’ils perdent leur logement et vont régresser en terme de fonctions, ne pèseront pas lourds ; les quelques commandants qui retomberont au bas de l’échelle en étant exclus de la cartographie des A, non plus.
Nous refusons le sacrifice de la moitié du corps de commandement et souhaitons une réforme qui fasse progresser l’ensemble des personnels ; cela devrait d’ailleurs être le vœu de toute organisation syndicale !
Suite à la journée de mobilisation des surveillants du 15 janvier, le Président de la République a annoncé avoir demandé "un plan pénitentiaire global" d'ici à la fin février portant notamment sur l'immobilier des prisons, le renseignement pénitentiaire et les personnels.
Profitons de cette occasion d’ouverture pour porter haut nos revendications et rejeter en masse ce projet !
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